Carnet de bac

Cette machine estant placée sur la fenestre d'une chambre, en sorte que le verre qui represente la tunique cornée regarde quelques objets fort éclairez, l'on ne voit pas seulement qu'ils impriment leurs images sur le vêlin, mais l'on y remarque mesme jusques aux moindres particularitez que le raisonnement nous sçauroit faire connoître; ainsi l'on observe,

1. Qu'il faut arrêter le vêlin à une certaine distance de la lentille de crystal, pour avoir l'image de l'objet la plus distincte qu'il est possible.
2. Que cette image est moins distincte aux extremitez qu'au milieu.
3. Que si ce vêlin est trop prés de la lentille, la peinture en devient plus petite, & toute confuse.
4. Que s'il en est trop loin, la peinture en devient plus grande, & encore toute confuse.
5. Que l'image distincte d'un objet est d'autant plus petite que cet objet est plus éloigné.
6. Que s'il y a une certaine distance entre la lentille & le vêlin, lors qu'il fait voir une image distincte d'un objet mediocrement éloigné, l'on doit un peu rapprocher le vêlin, & faire qu'il y ait moins de distance entre le vêlin & la lentille, pour avoir une image distincte d'un autre objet qui est notablement plus loin.
7. Que lors que le vêlin est où il doit estre, pour representer distinctement un objet qui est à une grande distance, comme de cent ou de deux cents pas, il ne le faut plus du tout changer pour luy faire representer autant distinctement qu'il est possible des objets qui sont à toute autre plus grande distance.
8. Que plus l'objet se rencontre prés de l'œil artificiel, & plus le vêlin se doit éloigner de la lentille.
9. Que lors que l'objet est par trop proche de l'œil artificiel, il est impossible d'en avoir une peinture distincte, quelque éloignement que l'on donne au vêlin.

Première partie, chapitre XXXI Comment on peut dire que les objets impriment leurs images dans les organes.