Antoine-René Polonceau |
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Ce nom représente une dynastie d'ingénieurs du plus haut mérite, qui compte encore aujourd'hui des membres distingués dans l'administration de nos chemins de fer et dans le corps de nos ingénieurs civils.
Antoine-René Polonceau, le premier et l'ancêtre, est né à Reims, le 7 octobre 1778, il est mort à Roche, dans le département du Doubs, le 29 décembre 1847. II fit partie de la troisième promotion de l'École polytechnique, en 1797, et deux ans après il entra dans le corps des Ponts et Chaussées. Il fut chargé par Bonaparte d'ouvrir à travers les Alpes cette route du Simplon qui restera comme un des plus beaux monuments de cette époque, et de faire transporter au sommet du mont Saint-Bernard les énormes blocs de marbre destinés à ériger un monument à la mémoire du général Desaix. Il parvint par des moyens ingénieux et nouveaux à surmonter les obstacles de cette difficultueuse ascension. Quelque temps après il fut chargé des travaux de navigation dans le département du Pas-de-Calais, et Napoléon le chargea de nouveau d'aller présider à la création de la route de Grenoble en Italie par le mont Genèvre. Il créa pour lui les fonctions d'inspecteur ingénieur en chef du département du Mont-Blanc qu'il considérait comme région de première importance au point de vue de la défense militaire de la France. C'est Antoine-René Polonceau qui a terminé la magnifique route du Mont-Cenis. On lui doit l'introduction dans notre pays du procédé d'empierrement de l'ingénieur anglais Mac-Adam, qu'il perfectionna et rendit facile par l'emploi du rouleau de compression, en usage partout aujourd'hui. Polonceau était toujours à la recherche des idées nouvelles et des améliorations. C'est ainsi qu'il a fait adopter un système de ponts à bascule simplifié, qu'il a substitué le béton aux pilotis dans les constructions hydrauliques, et qu'il a inauguré les grands ponts en fonte sur le modèle desquels il a édifié le pont des Saints-Pères ou du Carrousel, qui est un chef-d'œuvre de grâce, de légèreté, de rigidité et de solidité. Tout en élevant ce beau monument à sa mémoire, Polonceau s'occupait activement d'étudier les tracés de plusieurs chemins de fer qui lui avaient été demandés par diverses Compagnies. La ligne de Paris à Rouen et la traversée de cette ville ont été exécutées entièrement d'après ses plans.
Georges Barral Le Panthéon scientifique de la tour Eiffel Nouvelle librairie parisienne, Albert Savine éditeur, Paris, 1892. |