Charles-Augustin de Coulomb, physicien, est né à Angoulème, le 14 juin 1736. Il est mort à Paris, le 23 août 1806. Après avoir fait de brillantes études dans la capitale, il entra dans le génie militaire, et fut envoyé à la Martinique. Il y présida à la construction du fort Bourbon, et, de retour en France, il se consacra plus spécialement à des recherches de physique.
C'est ainsi qu'il se fit connaître par ses expériences sur le frottement et la raideur des cordes. Il obtint plusieurs prix de l'Académie des sciences, qui lui ouvrit ses portes à l'unanimité des voix, en 1782, et Louis XVI lui donna la croix de chevalier de Saint-Louis. En 1795, il fut admis à l'Institut, lors de sa création, et fut nommé quelques années plus tard, par Napoléon, inspecteur général de l'Université et chevalier de la Légion d'honneur.
On doit à Coulomb les lois qui président aux attractions et aux répulsions magnétiques qui varient en raison inverse du carré de la distance, ainsi que les attractions et les répulsions électriques. Il a démontré que ces dernières, pour une même distance, sont proportionnelles aux produits des deux quantités d'électricité. Pour faire cette démonstration, il a créé la balance de torsion, à laquelle il doit surtout sa réputation. Il inventa cet instrument à la suite d'expériences sur l'élasticité des fils métalliques. Ces études lui montraient que ces fils résistaient d'autant plus à la torsion qu'on les tordait davantage, pourvu, cependant, que cet effort n'allât pas jusqu'à altérer la structure moléculaire. La résistance de ces fils étant très faible, il eut l'idée de s'en servir comme d'une balance pour mesurer les plus petites forces du magnétisme et de l'électricité. A cet effet il suspendait à l'extrémité d'un fil de fer une longue aiguille horizontale. Cette aiguille étant au repos, si elle s'éloigne tout à coup d'un certain nombre de degrés de sa position naturelle, tord le fil qui la tient suspendue, et les oscillations que celle-ci lui fait éprouver donnent par leur entrée le moyen d'évaluer la quantité de la force perturbatrice.
Ce fut à l'aide de cet instrument ingénieux que Coulomb entreprit une série de recherches sur la distribution de l'électricité et du magnétisme, dont les résultats ont concouru à établir définitivement sa renommée scientifique.
Coulomb a eu à souffrir la persécution pour la franchise de son caractère. Envoyé aux Etats de Bretagne, en qualité de commissaire du Roi, pour apprécier la possibilité et l'avantage d'un projet de canaux, il montra, l'indépendance et la délicatesse de sa conscience. Malgré les états, il soutint l'opinion qu'il était inutile d'exécuter ce projet, à cause du peu rapport qu'il y avait entre les dépenses énormes que cette exécution nécessitait et le peu de services qui en résulterait.
A son retour, en 1779, le mécontentement d'un ministre l'envoya dans la prison de l'Abbaye, à Paris. Mandé une seconde fois dans le même but, Coulomb soutint encore son opinion ; il le fit avec tant de fermeté qu'il ouvrit enfin les yeux aux membres des Etats. Ceux-ci lui firent des offres brillantes, qu'il refusa. Ils le forcèrent à recevoir au moins une fort belle montre aux armes de la province de Bretagne.
C'est ainsi qu'il ne laissa à ses fils, a dit Delambre, qu'un nom respecté, l'exemple de ses vertus et le souvenir des services éclatants rendus à la science. Mais de fortune, point.
Les travaux de Coulomb sont consignés dans les Mémoires de l'Académie des sciences, à partir de 1781. En 1779, il avait publié un ouvrage avec des figures intitulé : Recherches sur les moyens d'exécuter sous l'eau toutes sortes de travaux hydrauliques sans employer aucun épuisement.
Le Congrés des électriciens en 1881, a donné le nom de Coulomb à l'unité électrique choisie pour représenter la quantité d'électricité que peut débiter pendant une seconde un courant d'intensité d'un ampère. On a aussi baptisé du nom de coulombmètre un compteur d'électricité servant à enregistrer la quantité qui s'écoule dans une canalisation électrique à potentiel constant.
Les portraits de Coulomb sont extrêmement rares et défectueux. Celui de notre livre a été pris sur un croquis exécuté en Bretagne, en 1778, à l'époque de la mission de ce grand physicien auprès du gouvernement de cette province. Malgré sa médiocrité, c'est un document précieux à cause de sa nouveauté.
Georges Barral
Le Panthéon scientifique de la tour Eiffel
Nouvelle librairie parisienne, Albert Savine éditeur, Paris, 1892.
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