Jacques-Antoine-Charles Bresse, mathématicien et ingénieur, est né à Vienne (Isère) , le 9 octobre 1822 ; il est mort à Paris le 22 mai 1883. Reçu à l'École polytechnique en 1841, il en sorti en 1843 dans le corps des ponts et chaussées, dont il conquit successivement tous les grades jusqu'à celui d'inspecteur général de deuxième classe qui lui fut conféré le 16 juillet 1881.
Il avait été nommé répétiteur de mécanique appliquée, en 1848, à l'École des ponts et chaussées, qu'il venait de quitter comme élève. En 1853, il fut chargé du cours à titre provisoire ; en 1855, il devint professeur titulaire. II n'avait alors que trente-trois ans. Il a su élever à une grande hauteur l'enseignement dont il était chargé, et il a occupé cette chaire jusqu'à la fin de sa vie, c'est-à-dire pendant vingt-huit ans. Dès 1851, il avait été nommé répétiteur du cours de mécanique et de machines à l'École polytechnique; puis, en 1803, examinateur des élèves sur cette branche de la science, et enfin, en 1879, professeur titulaire de ce même cours.
Bresse est l'auteur d'un travail important, publié en 1854, intitulé : Recherches analytiques sur la flexion et la résistance des pièces courbes. Cet ouvrage est accompagné de tables numériques pour calculer la poussée des arcs chargés de poids d'une manière quelconque et leur pression maximum sur une charge uniformément répartie. Cette question, d'un puissant intérêt pour l'art de l'ingénieur, alors surtout qu'il s'agit de la construction des grands arcs métalliques comme pour la tour Eiffel, avait été abordée par divers savants : Euler, en 1744; Lagrange, en 1789; Navier, en 1823. Mais la solution n'avait été donnée qu'au point de vue analytique. Il restait à coordonner toutes ces études, afin d'en rendre les résultats utiles aux constructeurs. Bresse a eu la bonne fortune de fixer le problème de l'équilibre intérieur et de la flexion des pièces courbes. Il l'a fait dans le cas général d'un nombre quelconque de charges isolées, en ramenant, par un ingénieux artifice, les cas de non-symétrie à ceux de symétrie et aussi aux cas d'une charge uniformément répartie sur toute la longueur, soit de l'arc, soit de sa projection horizontale. Toutes les formules qu'il en a déduites sont très appréciées des constructeurs. Ses méthodes sont entrées dans l'enseignement et la pratique.
Bresse est aussi l'auteur d'un autre travail capital qui a pour titre : Calculs des moments de flexion dans une poutre à plusieurs tracés solidaires. Cette étude a pour objet tout ce qui se rapporte à la théorie des poutres droites métalliques, comme celles des ponts de chemins de fer. Ce traité est devenu classique.
Bresse avait été élu membre de l'Académie des sciences, dans la section de mécanique, en remplacement du général Morin, le 31 mai 1880. Son cours de mécanique appliquée professé à l'École des ponts et chaussées et son Cours de mécanique et machines, professé à l'École polytechnique, ont été publiés avec de nombreuses figures en trois volumes par la maison Gauthier-Villars et fils. Mr Marcel Bresse, son fils unique, ancien élève de l'École polytechnique, a continué avec distinction ses traditions dans le corps des ponts et chaussées. C'est lui qui a confié la photographie, prise en 1880, pour exécuter le portrait ci-dessus.
Georges Barral
Le Panthéon scientifique de la tour Eiffel
Nouvelle librairie parisienne, Albert Savine éditeur, Paris, 1892.
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