Wilhelm OstwaldL'évolution d'une science, la chimie, 1910
L'hypothèse atomique et la loi des proportions multiples
La raison pour laquelle l'œuvre de Richter est passée ainsi à l'arrière plan, est le développement simultané de l'hypothèse atomique de John Dalton (1766 - 1844 ). Déjà dans l'antiquité, on avait émis cette idée que tous les corps se composent de particules extrêmement petites, invisibles même à l'aide des instruments les plus puissants, et on y avait souvent songé depuis. Mais Dalton le premier en tira des conséquences quantitatives susceptibles d'un contrôle expérimental. Il se demanda si tous les atomes d'une substance déterminée, le soufre, par exemple, étaient toujours rigoureusement égaux entre eux, ou s'ils présentaient de petites variations, comme celles que l'on recontre entre les grains de sable. L'expérience motrne que tous les échantillons de soufre ont exactement les mêmes propriétés, quels que soient leur mode de préparation et leur histoire antiérieure : Dalton en conclut que tous les atomes d'une substance donnée doivent être égaux, autrement il serait possible, par distillation ou par quelque autre opération, d'obtenir des sortes de soufre dont les propriétés diffèreraient tant soit peu, un échantillon contenant des atomes plus grands, un autre des atomes plus petits, tout comme on peut avoir du sable grossier. On reconnaît ici la même considération générale sur la différence des substances pures et des solutions, qui nous a servi pour poser les fondements du concepts de l'élément.