35. Peut-on faire un miroir qui brûle où l'on voudra ? |
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Question XXXV.
Peut-on faire un miroir qui brusle en tel lieu que l'on voudra, jusques à l'infiny ? |
Ce qu'il falloit trouver...
Si l'on avoit des matieres incombustibles, dont on peut faire des miroirs, qui ne perdissent point leur poli, c'est chose asseurée que l'on pourroit brusler jusques à l'infiny, puisque l'on peut reflechir les rayons qui bruslent en mesme largeur parallele par le moyen de deux miroirs paraboliques, dont le concave de l'une reflechit les rayons sur le convexe de l'autre, qui les renvoye tous paralleles, & que l'on envoye par la troiſieſme reflexion d'un miroir plan, ou droit, par tout où l'on veut : mais on n'a point de matiere opaque qui puisse soustenir l'ardeur desdits rayons sans se fondre, ou sans perdre son poli : ce qui est neantmoins necessaire. Or l'on peut encore brusler par les rayons du Soleil en plusieurs manieres, qui dependent des miroirs droicts, des spheriques, & des elliptiques, & par les corps diaphanes : car si l'on renvoye la lumiere du Soleil en un mesme lieu avec plusieurs, miroirs droicts, elle bruslera, quoy qu'il soit difficile de sçauoir combien il faut de miroirs, si l'on n'en fait l'experience, qui monstre que la grandeur d'un poulce de lumiere estant reduite à la grosseur d'un quart de ligne commence à brusler. Je laisse maintenant les autres miroirs, & les chrystaux hyperboliques, qui desirent d'autres discours, afin d'advertir qu'il faut tousjours supposer que le rayon consideré tout seul ne diminuë nullement sa force, encore qu'il s'eloigne du Soleil, ou d'un autre corps lumineux jusques à l'infiny ; autrement ce que l’ay dit dans ceste question ne seroit pas entierement veritable.
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