La catastrophe du Zénith |
Sommaire |
En septembre 1804, Gay-Lussac s'éleva jusqu'à une hauteur de 7000 mètres. Son pouls et sa respiration étaient très accélérés, mais il déclare que sa situation n'avait rien de douloureux. En juillet 1852, Barral et Bixio s'élevèrent jusqu'à 7049 mètres, hauteur à laquelle ils trouvèrent un froid de 39 degrés au-dessous de zéro : ils ont été surtout incommodés par ce froid. Dans la mémorable ascension du 17 juillet 1862, MM. Glaisher et Coxwell pensent avoir atteint l'énorme élévation de 11 000 mètres ; mais comme le premier s'était évanoui à 8 850 mètres, et que le second ne s'occupait en ce moment que de la situation critique, il n'est pas sûr qu'ils aient de beaucoup dépassé 9000 mètres. Avant le départ, le pouls de M. Coxwell était à 74 pulsations par minute; celui de Glaisher à 76. A 5200 mètres, le premier comptait 100 pulsations, le second 84. A 5800 mètres, les mains et les lèvres de Glaisher étaient toutes bleues, mais non la figure. A 6 400 mètres, il entendit les battements de son cœur, et sa respiration était très gênée; à 8 850 mètres, il tomba sans connaissance, et ne revint à lui que lorsque le ballon fut redescendu au même niveau. Au maximum de la hauteur, son aéronaute ne put plus se servir de ses mains et dut tirer la corde de la soupape avec les dents! Quelques minutes de plus, et il perdait connaissance et probablement aussi la vie. La température de l'air à ce moment était de 32 degrés au-dessous de zéro.
Tout le monde a encore présente à la mémoire la terrible catastrophe du Zénith (15 avril 1875), dans laquelle Crocé-Spinelli et Sivel trouvèrent la mort à 8800 mètres, et de laquelle M. Tissandier n'est revenu que par un miracle de la nature. Dès l'altitude de 7000 mètres environ, les aéronautes étaient pris par la syncope, et la mort des deux premiers est due à une apoplexie par la pression organique intérieure, cessant d'être contre-balancée par la pression extérieure : leur visage était noir, la bouche ensanglantée; le salut du troisième ne peut être dû qu'à une différence de tempérament; il s'en fallut de peu que lui aussi ne se réveillât pas. Une torpeur immense avait envahi leurs sens, et, sur le point de mourir, ils n'auraient pu lever le doigt pour empêcher la mort d'arriver. La hauteur atteinte a été constatée par des tubes barométriques scellés, que l'on n'ouvrit qu'après la descente. Suivant les conseils de Paul Bert, les aéronautes avaient cru qu'en respirant de l'oxygène ils résisteraient à cette colossale différence de pression ; il n'en fut rien.
Le naufrage aérien de La Mountain (4 juillet 1873) aux Etats Unis. Ce malheureux aéronaute avait eu l'idée funeste de suspendre la nacelle, non pas à un filet enveloppant le ballon, mais à une série de cordes indépendantes les unes des autres. La nacelle ne s'étant pas trouvée exactement dans la verticale, les cordes se rapprochèrent peu à peu, le ballon s'écarta et finit par s'échapper! La nacelle tomba alors comme une pierre, tandis que le malheureux aéronaute, qui s'y accrochait convulsivement, avait encore la présence d'esprit d'essayer de la retourner sur sa tète, et de s'en servir comme parachute. Mais à trente mètres du sol il lâcha prise et son corps s'abattit sur le sol avec un bruit sourd, et s'y enfonçant de 15 centimètres. Les os furent broyés, la tête horriblement écrasée. L'atmosphère, météorologie populaire Livre premier Notre planète et son fluide vital Chapitre VIII Ascension aéronautique |