Jean-Charles de Borda, mathématicien et navigateur, est né à Dax le 4 mai 1733 ; il est mort à Paris le 20 février 1799. Savant physicien et profond mathématicien, excellent marin, après avoir fourni une brillante carrière dans les expéditions maritimes qui furent au XVIIIe siècle spécialement remarquables, il fut employé dans les grands ports de la France. Cette situation stable lui permit de donner un fécond essor à son goût des sciences mathématiques et mécaniques.
Lorsque l'Assemblée constituante de 1789, afin de créer un nouveau système de poids et de mesures, établi sur la mensuration métrique, ordonna qu'on déterminât avec précision la longueur d'un arc du méridien terrestre, Borda fut désigné, avec Delambre et Mechain, pour exécuter cette opération délicate. Ce fut lui qui dirigea tout ce qui se rattachait aux expériences de physique et qui proposa d'employer le platine pour fixer d'une façon invariable la mesure de base.
Borda a été un inventeur fécond. C'est à lui qu'on doit la création du cercle répétituer et à réflexion, si utile notamment à la prise des distances angulaires en mer, la méthode des doubles pesées, les thermomètres métalliques aptes à indiquer les plus minimes variations de température, et l'appareil ingénieux qui donne l'exacte longueur du pendule. Toutes ces créations ont amené de sérieux progrès dans la physique expérimentale et ont trouvé des applications presque immédiates dans l'expédition d'Égypte, qui fut si brillante en résultats scientifiques.
C’est avec raison qu’on offre Borda comme exemple permanent à la jeunesse et que le vaisseau-école de nos futurs officiers de marine porte ce nom comme le drapeau de la vraie science, profonde, sévère, vouée aux innombrables phénomènes maritimes.
Borda est aussi un des plus grand géomètres qu’ait produits la France. Biot a fait de lui ce portrait : « Il doit être regardé comme un des hommes qui ont le plus contribué aux progrès de l’art nautique, tant par les instruments perfectionnés qu’il a donnés aux marins, que par l’adresse avec laquelle il a su rapprocher d’eux les méthodes géométriques, sans rien ôter à celles-ci de leur précision. L’époque à laquelle il a publié ses observations doit être considérée comme celle où les marins français ont abandonné les routines de l’ignorance pour se guider par le flambeau d’une science exacte. »
Borda fit les campagnes maritimes de 1777 et 1778 avec le comte d’Estaing. Sur la recommandation de ce dernier, il fut nommé major général de l’armée navale. Louis XVI, qui aimait les sciences géographiques, s’intéressa à son tour à Borda, et, en 1781, il lui fit confier le commandement du vaisseau le Guerrier, et, en 1788, il le fit charger d’escorter avec le Solitaire, vaisseau de 74 canons, un corps de troupe que l’on envoyait à la Martinique, lorsqu’il fut arrivé à destination, et après avoir descendu à terre tous les soldats, Borda se mit en croisière, mais attaqué par l’escadre ennemie, il soutint un long combat et dût se rendre, faute d’être en force suffisante, après une lutte héroïque. La réputation qu’il s’était acquise comme savant le fit traiter avec distinction par les anglais qui le renvoyèrent sur parole en France.
Borda avait commencé ses études à Dax, au collège des Barnabites, et donné, dès cette époque, des indices remarquables de cette facilité surprenante qu’il avait à juger des objets présentés à son esprit. Le professeur dictait en français, l’élève écrivait en latin, et il faisait en même temps, sous des termes différents, une seconde traduction du devoir pour son voisin.
A 21 ans, en 1753, il avait été présenté à d’Alembert, qui l’interrogea sur les mathématiques, et qui écrivit : « Il ira certainement très loin. Je voudrais que sa position pût le faire songer à l’Académie. Ce sera un très grand sujet à coup sûr. »
Borda mis toujours un grand prix à la célébrité, mais beaucoup plus à la gloire d’avoir été utile aux hommes, a dit de lui Lefevre-Gineau, dans la notice historique lue à la séance publique du 4 janvier 1800 de l’Institut national, auquel il avait appartenu comme membre de la première classe.
Une des rues de Paris sur la rive droite de la Seine, porte le nom de Borda.
Georges Barral
Le Panthéon scientifique de la tour Eiffel
Nouvelle librairie parisienne, Albert Savine éditeur, Paris, 1892.
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